Ressenti thermique vs. réalité du DPE : quand l’expérience du terrain raconte autre chose
Lors d’un récent DPE réalisé selon la méthode 3CL 2021, j’ai été confronté à une situation qui illustre parfaitement l’écart qui peut exister entre ce que ressent un occupant dans sa maison… et ce que l’algorithme du DPE est autorisé à prendre en compte.
Pendant ma visite, le client m’a signalé avec inquiétude qu’un courant d’air important circulait par ses prises électriques. En passant la main devant, j’ai pu constater que l’air circulait effectivement de façon anormale : un inconfort évident au quotidien, une sensation de “passoire” très compréhensible.
Pourtant, même si ce type d’infiltration a un impact direct sur la qualité de vie et le confort thermique, le DPE ne prend pas en compte ces fuites parasites. Le diagnostic repose sur une méthode standardisée et théorique, qui évalue le bâtiment selon ses caractéristiques “de base” : murs, isolation, menuiseries, systèmes de chauffage… mais pas les petits défauts d’étanchéité, même s’ils sont très perceptibles.
Et c’est là toute la difficulté : Le DPE est un outil normatif, qui vise à comparer des bâtiments sur des critères mesurables et homogènes.
Le confort ressenti par un habitant, lui, est un phénomène bien plus complexe, lié aux flux d’air, aux habitudes, à l’occupation, aux microfuites, à la sensation thermique… des éléments que l’algorithme n’intègre pas toujours.
Ce type d’intervention me rappelle que, dans le diagnostic immobilier, mon rôle n’est pas seulement de mesurer et de saisir des données. C’est aussi d’expliquer, de traduire, de rendre compréhensible ce fossé naturel entre la théorie et la réalité vécue.
Le DPE a ses limites, mais il reste un outil de référence. Le ressenti, lui, permet de compléter l’analyse et d’orienter vers des travaux qui améliorent réellement le quotidien.
Les deux ne s’opposent pas : ils se complètent. Et souvent, c’est dans cette complémentarité que naît un conseil réellement utile.